Les Smart grids en Afrique subsaharienne en 3 minutes

Contenu mis à jour le 01/12/2020

L’Afrique est aujourd’hui confrontée à deux grands défis : l’électrification de sa population, en particulier dans les zones rurales non raccordées au réseau national, et l’augmentation de sa capacité de production, actuellement fortement carbonée et largement insuffisante. Les énergies renouvelables ont un rôle essentiel à jouer pour compléter les sources d’énergie conventionnelle afin d’augmenter la capacité de production d’électricité et de fournir un accès à l’électricité aujourd’hui presque inexistant dans les zones isolées. Les Smart grids sont un outil intelligent qui peut permettre à terme d’intégrer facilement les énergies renouvelables dans le système électrique et d’optimiser l’utilisation de la production d’électricité. Des projets sont actuellement en cours de développement, notamment au Sénégal et en Côte d’Ivoire.

Quelles opportunités offrents les Smart grids en Afrique ?

La mise en valeur des énergies renouvelables

L’approvisionnement énergétique de l’Afrique est aujourd’hui limité et l’accès à l’électricité est en moyenne de 32% en Afrique subsaharienne. De plus, les capacités installées en Afrique reposent essentiellement sur des moyens thermiques, et les réseaux sont souvent sous-dimensionnés et peu entretenus faute des investissements nécessaires pour les renforcer et les développer.

Pourtant, les ressources énergétiques de l’Afrique sont considérables. Le continent possède un potentiel solaire supérieur à 10 TW en raison d’un taux d’ensoleillement parmi les plus élevés du monde dans la région subsaharienne, ainsi qu’un potentiel de 350 GW d’hydroélectricité et de 110 GW d’éolien. Le développement des énergies renouvelables est donc clé pour répondre aux enjeux de production et d’accès du continent. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) considère ainsi que la moitié de la croissance de la production électrique en Afrique d’ici 2040 pourrait venir des énergies renouvelables. L’énergie solaire en particulier, par sa capacité à fonctionner hors réseaux, peut fortement contribuer à électrifier les territoires ruraux isolés.

Avec ce développement des énergies renouvelables, la production d’électricité devient intermittente et décentralisée. Les Smart grids sont des réseaux de distribution d'électricité qui favorisent la circulation d’information entre les fournisseurs et les consommateurs afin d’ajuster le flux d’électricité en temps réel et de permettre une gestion plus efficace du réseau électrique. Ainsi, la technologie des Smart grids, capable de gérer l’intermittence des renouvelables et d’optimiser l’utilisation d’une production décentralisée, est adaptée à ce besoin grandissant de l’Afrique d’intégrer des énergies renouvelables dans les systèmes électriques nationaux.

L’électrification des régions isolées

Les Etats africains ne disposant pas nécessairement des ressources suffisantes pour encourager le développement des énergies renouvelables à grande échelle, des initiatives internationales se créent et les grands bailleurs internationaux se mobilisent afin de promouvoir le développement des énergies renouvelables, apporter des financements, et imaginer les premiers systèmes intelligents à mettre en place en Afrique pour optimiser le fonctionnement de systèmes électriques intégrant massivement des énergies renouvelables.

A l’heure actuelle, les micro-réseaux constituent la première étape de l’arrivée des Smart grids en Afrique. Installés dans des territoires isolés, les microgrids ne sont pas connectés au réseau électrique national et fonctionnent, grâce à un moyen de production propre d’origine renouvelable, thermique ou hybride. Il peut relier plusieurs points de consommation, par exemple au sein d’un village ou entre plusieurs villages. Certains micro-réseaux peuvent à terme être raccordés au réseau national.

En Afrique subsaharienne, des mini-réseaux se développent notamment dans les zones rurales non raccordées au réseau grâce à l’installation généralement de panneaux photovoltaïques. La première génération de Smart grids participe ainsi à l’électrification de régions en Ouganda, au Sénégal, en Côte d’Ivoire, ou au Bénin par exemple.

Les projets en cours de développement en Afrique

Au Sénégal

Au Sénégal, la régulation permettant d’encadrer le développement des Smart grids n’est pas encore établie mais des projets sont progressivement développés au niveau national, notamment chez l’opérateur historique, avec l’aide de partenaires internationaux.

En juillet 2018, le Sénégal a signé une convention de financement de 52 millions d’euros pour la mise en œuvre du programme Smart grids avec l’Agence Française de Développement (AFD). Le projet, qui vise à améliorer les performances de la Société nationale d’électricité du Sénégal (SENELEC), poursuit 3 objectifs : développer les énergies renouvelables, réduire les pertes techniques, et augmenter le taux d’électrification du pays.

La SENELEC a également engagé en parallèle un chantier de digitalisation en signant des accords de partenariats avec EDF et Enedis notamment, pour doter l’entreprise d’un réseau intelligent permettant de détecter des anomalies en temps réel. La société nationale a également mobilisé sa filiale Akilee pour développer des solutions intelligentes et engager la numérisation des procédures.

Le Sénégal travaille, par ces démarches en faveur de l’innovation, à atteindre les objectifs du plan Yeesal de modernisation de la SENELEC d’ici 2020 notamment dans les Smart grids. Des solutions numériques innovantes doivent être déployées progressivement entre 2017 et 2020 afin de mieux gérer la relation client et de mener un contrôle intelligent de la demande.

Enfin, le Sénégal a reçu un financement d’environ 70 millions d’euros pour son projet de Smart City installé à Diamniadio, qui doit désengorger la capitale et donner naissance à un centre d’excellence des technologies de l’information et de la communication.

En Côte d’Ivoire

La Côte d’Ivoire, qui possède l’un des réseaux électriques les plus fiables d’Afrique de l’ouest s’est engagé à verdir son mix énergétique depuis le début des années 2010, notamment en portant la part d’énergies renouvelables à 16% d’ici 2030. Pour cela, le pays compte notamment s’appuyer sur la technologie des Smart grids, en leur octroyant un budget de 40 millions d'euros. Les infrastructures de Smart grids devraient être opérationnelles d’ici 2020 et permettront de piloter la production électrique du pays et d'optimiser son utilisation.

Mené par la Compagnie ivoirienne d’électricité (CIE), le déploiement des compteurs intelligents est également bien avancé en Côte d’Ivoire. Les objectifs poursuivis sont d’améliorer l’accès à l’électricité des ménages notamment en zones rurales, réduire les pertes et diminuer le taux de fraude via la télégestion. Les premiers retours ont été encourageants et les pertes sur le réseau sont passées de 27% à 15% entre 2011 et 2017.

Conclusion

Si l’arrivée des Smart grids en Afrique est discrète, elle est réelle : les micro-réseaux se développent dans les régions isolées, des Smart Cities apparaissent progressivement, et le déploiement des compteurs intelligents est déjà en cours dans certains pays d’Afrique de l’Ouest. L’Afrique présente un potentiel particulièrement élevé pour le développement des technologies de Smart grids, porté par l’intégration indispensable des énergies renouvelables dans les systèmes électriques africains.