Les smart grids en Côte d’Ivoire

Contenu mis à jour le 09/04/2021

Cette page a été rédigée

par Yélé.

Depuis une dizaine d’années, la Côte d’Ivoire s’est engagée dans la transition énergétique en se donnant comme objectif de réduire ses émissions de gaz à effet de serre et en donnant toute leur place aux énergies renouvelables qui doivent être portées à 16 % du mix énergétique national en 2030. Pour cela, le pays prévoit de s’appuyer sur la technologie des Smart grids grâce à un budget de 40 millions d’euros débloqué en 2019, qui doit permettre de faciliter l’intégration des énergies renouvelables intermittentes, lutter contre la fraude et encourager les exportations d’électricité. Ces solutions intelligentes seront efficaces pour piloter la production électrique du pays et en optimiser l’utilisation.

1. Introduction : Présentation de la Côte d’Ivoire

Chiffres clés

Superficie

322 463 km²

Capitale

Yamoussoukro

Démographie

26,96 millions d’habitants

Densité de population

82,16 hab./km²

Croissance démographique

2,6%/an

Moyenne d’âge

18,3 ans (2015)

Espérance de vie

57 ans

Alphabétisation

47,2 %

Indice de Développement Humain

170ème /188 pays (PNUD)

Sources : Banque Mondiale, données 2018 sauf indication contraire, CNUCED

Politique et économie

La République de Côte d’Ivoire est un pays d’Afrique de l’Ouest dirigé par Alassane Dramane OUATTARA, chef d’Etat de cet Etat à régime présidentiel bicaméral. Alassane Ouattara a été élu en 2011, marquant la fin d’une décennie de crises. Il a été réélu en 2015 et en 2020.

La vie politique est organisée autour d’un Premier ministre, le chef du Gouvernement, Amadou Gon Coulibaly, d’une Assemblée nationale de 225 députés élus au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans et d’un Sénat installé en avril 2018 de 99 membres dont 66 sont élus au suffrage universel direct et 33 sont désignés par le Président de la République. 

La Côte d’Ivoire est membre de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de l’Union africaine (UA), de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) et de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).

PIB

43 Milliards USD

PIB/habitant

1 715 USD

Composition du PIB

Agriculture 28%

Industrie 25%

Services 47%

Taux de croissance

7,4%

Taux de pauvreté

46,3% (2015)

Taux d’inflation

0,44 %

Principaux clients

Pays-Bas, Etats-Unis, Belgique, France

Principaux fournisseurs

Nigeria, France, Chine, Etats-Unis

Sources : Banque Mondiale, données 2018 sauf indication contraire, CNUCED

2. Le paysage énergétique ivoirien

Le secteur national

La Côte d’Ivoire a pour ambition de devenir à la fois le leader régional de la transition énergétique ainsi que la plaque tournante du secteur de l’énergie en Afrique de l’Ouest

www.jeuneafrique.com/mag/457341/economie/energie-les-ambitions-regionales-de-la-cote-divoire/

.

Pour cela, le gouvernement a mis en place un plan d’investissement d’un montant d’environ 7 000 milliards de Francs CFA (soit 10 milliards d’euros) qui a hissé le parc de production à environ 2 200 MW en 2017 (contre 1 391 MW en 2011). L’objectif affiché pour la Compagnie Ivoirienne d’Electricité (CIE) est d’arriver à une capacité de production installée de 6 000 MW en 2030. Ce parc est aujourd’hui essentiellement composé de production d’énergie d’origine thermique (environ 80 %). La part des énergies renouvelables (EnR) est amenée à monter à environ 40 % du mix énergétique d’ici à 2030.

Plusieurs projets de développement d’EnR sont en cours pour une puissance cumulée de 435 MW, dont plusieurs unités de centrales solaires et de biomasse. Le pays s’est aussi engagé, lors de la COP21, à réduire de 28 % ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. L’une des preuves de ses engagements est un complexe hydroélectrique situé à Soubré

www.jeuneafrique.com/410251/economie/cote-divoire-barrage-chinois-de-soubre-livre-fin-mars/

(sud-ouest), construit par le groupe chinois Sinohydro et inauguré en 2017.

L’ambition de l’Etat est d’atteindre le raccordement de 100 % de sa population d’ici 2025 contre 80 % actuellement. Le Programme Electricité Pour Tous (PEPT), qui vise à raccorder 1 million de ménages sur la période 2015-2020 (soit 400 MW de plus à distribuer d’ici 2020), participe à cet objectif.

Figure 1 - Complexe hydroélectrique à Soubré
Figure 2 –Réseau électrique national, source : Anare // Autorité Nationale de Régulation du secteur de l’électricité de Côte d’Ivoire, http://www.anare.ci/index.php?id=29

Les interconnexions régionales

La Côte d’Ivoire fait partie du Pool Energétique Ouest-Africain (WAPP en anglais) et, étant raccordée au Bénin, au Burkina Faso, au Ghana et au Togo, elle peut y jouer un rôle important.

Source du schéma ci-dessous

www.jeuneafrique.com/mag/749548/economie/cedeao-le-grand-marche-electrique-ouest-africain-bientot-boucle/

Figure 5 - Projet d'échange d'énergie électrique ouest-africain, état en mars 2019

Le WAPP a été établi en 2006 par les membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et a pour mission de « renforcer l’intégration régionale dans le secteur de l’énergie

www.ecowapp.org/sites/default/files/wapp_2020-2023_business_plan_0.pdf , p.13

 ». Une première phase a eu lieu de 2016 à 2019. Elle avait pour objectif de « promouvoir et développer des infrastructures de production et de transport d’énergie électrique[1] » pour aboutir à une interconnexion des réseaux électriques entre les Etats membres. Si ces objectifs ne sont pas tous finalisés, ils ont toutefois permis l’émergence d’un marché régional de l’électricité en juin 2018. La deuxième phase du projet, se tenant de 2020 à 2023, vise à « assurer la coordination des échanges d’énergie électrique entre les Etats membres de la CEDEAO[2] ».
Figure 6 – Actualisation du plan directeur révisé des moyens de production et de transport d'énergie électrique de la CEDEAO (Secrétariat général de la CEDEAO)

Déjà exportateur net d’électricité vers ses voisins, le pays est amené à jouer un rôle croissant dans l’intégration du marché régional, avec la nouvelle interconnexion électrique Côte d’Ivoire-Liberia-Sierra Leone-Guinée. Le pays s’est notamment engagé à augmenter ses exportations, une fois ce nouveau raccordement mis en place

Programme de Développement des Infrastructures en Afrique (PIDA) - www.au-pida.org

.
Figure 7 - Nouvelle ligne d’interconnexion électrique Côte d’Ivoire-Libéria-Sierra Leone-Guinée - Programme de Développement des Infrastructures en Afrique (PIDA)

Le cadre réglementaire et institutionnel énergétique

En Côte d’Ivoire, le secteur de l’énergie dispose d’un cadre législatif et réglementaire poussé. Tout d’abord, le Ministère du Pétrole, de l’Énergie et du Développement des Énergies Renouvelables est en charge de la politique énergétique nationale et coordonne les activités du secteur. Il organise le cadre du secteur énergétique, surveille la production d’électricité, la distribution et la transmission d’équipements, l’électrification rurale et la promotion et la gestion des énergies renouvelables.

L’Autorité Nationale de Régulation du Secteur de l’Électricité de Côte d’Ivoire (ANARE-CI) est responsable de la régulation du secteur ; la Compagnie Ivoirienne d’Électricité (CIE) détient le monopole intégré verticalement en charge de la majeure partie de la production, transport et distribution d’électricité à travers le pays ; la Société des Energies de Côte d’Ivoire (CI-ENERGIES) est issue de la fusion entre la SOGEPE et la SOPIE en 2010 et a hérité des missions des deux sociétés. Elle gère, au nom de l’Etat ivoirien, l’approvisionnement en électricité du pays ainsi que les nouveaux projets en octroyant des accords de concession aux opérateurs.

En plus de la CIE, trois producteurs d’énergie indépendants (IPPs) contribuent à la majeure partie de la production d’électricité en Côte d’Ivoire (notamment via des centrales à gaz) :

  • CIPREL
  • Azito
  • Aggreko
Figure 3 - Acteurs et mix énergétique de la Côte d'Ivoire (2017) - IFC, Feuille de Route pour atteindre l’objectif de 42% d’énergies renouvelables de la Côte d’Ivoire d'ici 2030, 2018

En termes de projets, deux programmes sont portés par le gouvernement : le Programme National d’Electrification Rurale (PRONER) et le PEPT.

3. Le développement des Smart grids en Côte d’Ivoire

Le gouvernement ivoirien souhaite être au cœur du réseau électrique ouest-africain. A ce titre, il encourage le développement des solutions de Smart grids afin d’optimiser la gestion de son réseau et d’accompagner l’augmentation des exportations d’énergie vers les pays voisins. Environ 40 millions d’euros ont été investis afin de développer les solutions intelligentes. L’Etat s’est en effet engagé à réduire de près de 28 % ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 en « portant notamment à 16 % la part des EnR dans son mix énergétique

afrique.latribune.fr/entreprises/la-tribune-afrique-de-l-energie-by-enedis/2019-03-06/la-cote-d-ivoire-investit-40-millions-d-euros-dans-les-smart-grids-809782.html

 ».

Parmi les initiatives mises en place, celle du déploiement de compteurs intelligents est la plus avancée.

Menée par la CIE dans le cadre du Programme Electricité pour Tous (PEPT), qui ambitionne d’intégrer 200 000 foyers supplémentaires d’ici 2020, cette campagne de déploiement répond à plusieurs objectifs :

  • Améliorer l’accès à l’électricité des ménages, notamment en zone rurale ;
  • Réduire les pertes du réseau électrique ;
  • Diminuer le taux de fraude (via la télégestion).

Les premiers retours ont été encourageants. Fin 2018, 443 000 ménages supplémentaires à faibles revenus ont été connectés au réseau, les pertes sur le réseau de distribution sont passées de 27 % en 2011 à 15 % en 2017 et le téléservice permet une meilleure gestion de la clientèle.

(1) Ibid. p.63
(2) Ibid.