L’Energiewende allemand : fort développement des ENR, abandon du nucléaire et maintien des énergies fossiles

Contenu mis à jour le 04/12/2020

Cette page a été rédigée par 

la Commission de régulation de l'énergie.

Le processus politique de la transition énergétique en Allemagne (« Energiewende ») s’est fait en plusieurs étapes, avec des jalons posés à des moments différents lors des vingt dernières années.

Un premier jalon a été posé au début des années 2000, avec la loi sur le développement des énergies renouvelables (Erneuerbare-Energien-Gesetz 2000, loi dite « EEG »), qui fixait comme objectif de doubler la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique en dix ans. En 2000, le gouvernement fédéral allemand, dirigé à l’époque par Gerhard Schröder, a également pris la décision de procéder à la sortie progressive de l’énergie nucléaire (Atomausstieg), remise en question par la suite par le gouvernement d’Angela Merkel. La sortie du nucléaire a été confirmée en 2011, à la suite de l’accident de Fukushima.
Puis, en 2010, le gouvernement fédéral adopte une stratégie énergétique à l’horizon 2050 (Energiekonzept 2050), qui constitue le fondement des orientations de la politique énergétique et climatique allemande pour les quarante années à venir. La stratégie a été plusieurs fois amendée et précisée, en dernier lieu par le projet de « plan national énergie et climat » (PNEC) que le gouvernement fédéral a soumis à la Commission européenne en2019, en conformité avec le règlement européen sur la gouvernance de l’union de l’énergie et de l’action pour le climat (n° 2018/1999). La stratégie consacre une « architecture des objectifs » :

  • Les objectifs politiques sont au nombre de trois : la réduction des émissions de gaz à effet de serre, la sortie de l’énergie nucléaire (qui devra être achevée fin 2022) ainsi que la garantie de la compétitivité et de la sécurité d’approvisionnement.
Objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, par rapport à leur niveau de 1990 2020 2030 2050
40 % 55 % 80 – 95 %

Fin 2019, l’atteinte de l’objectif climatique pour l’année 2020 était en doute. En revanche, l’arrêt progressif des centrales nucléaires suit le calendrier fixé par les pouvoirs publics.

  • Ces objectifs politiques sont assortis de deux objectifs stratégiques : l’augmentation de la part des énergies renouvelables dans la consommation d’énergie ainsi que la réduction de la consommation énergétique et l’amélioration de l’efficacité énergétique.
Part des énergies renouvelables dans la consommation finale brute d’énergie 2020 2030 2050
18 %  30 %  60 %

Les énergies renouvelables devront également atteindre 80 % de la production électrique en 2050.

En 2018, la part des énergies renouvelables dans la consommation finale brute d’énergie s’élevait à 16,7 %. Pour la seule production électrique, ce taux était de 37,8 %.

Objectifs de baisse de la consommation d’énergie primaire, par rapport à son niveau de 2008 2020 2030 2050
20 %  30 %  50 %

En 2018, la consommation d’énergie primaire avait enregistré une baisse de 10 % par rapport à 2008.

  • Ces objectifs sont ensuite déclinés en une variété d’objectifs de pilotage, adaptés aux différents secteurs (électricité, chaleur et transport), et de mesures.

En 2017, le cadre législatif portant sur les énergies renouvelables est réformé afin de tenir compte d’une hausse importante des coûts des dispositifs de soutien. En effet, la contribution payée par les consommateurs sur leur consommation électrique et affectée au financement des énergies renouvelables (EEG-Umlage) est passée de 2,1 centimes d’euros par kWh en 2010 à 6,9 centimes par kWh en 2017. Par conséquent, la loi « EEG 2017 » marque le passage d’un système fondé sur les tarifs d’achat à un recours plus important aux appels d’offres et aux compléments de rémunération, censés rendre les dispositifs de soutien plus efficaces.

En janvier 2019, une commission chargée par le gouvernement fédéral d’étudier la sortie du charbon publie son rapport final : elle préconise la réduction progressive de l’utilisation du charbon et du lignite dans la production électrique et sa fin au plus tard en 2038, ainsi que des aides aux régions concernées.

Fin 2019, le parlement allemand adopte le « programme de protection du climat 2030 ». Parmi les mesures censées contribuer à l’atteinte des objectifs fixés à l’horizon 2030, figure un prix du carbone appliqué aux secteurs des transports et de production de chaleur. Fixé à 10 € par tonne de CO2 pour l’année 2021, il augmentera progressivement jusqu’à atteindre 35 € par tonne en 2025, avant d’être remplacé, en 2026, par un système national d’échanges de quota d’émission (dont le prix évoluera au gré de l’offre et de la demande dans une fourchette comprise entre 35 et 60 € la tonne). Sont également prévues des mesures en faveur des consommateurs : la composante du prix de l’électricité affectée au financement des énergies renouvelables (EEG-Umlage) baissera, tout comme la TVA sur les voyages en train. En revanche, la taxe sur les voyages en avion devrait augmenter. Enfin, les pouvoirs publics annoncent une série de programmes d’aides en faveur de l’efficacité énergétique, des véhicules électriques, des carburants innovants etc.

En synthèse, les choix politiques allemands ont conduit à un très fort développement des énergies renouvelables pour lesquelles l’Allemagne a été un véritable pionnier et un exemple au niveau mondial. La décision d’abandonner l’énergie nucléaire a obligé l’Allemagne à maintenir un niveau élevé de production au charbon et au gaz. En témoigne la mise en service en mai 2020 d’une nouvelle centrale au charbon (« Datteln 4 »), d’une puissance de 1 GW.

L’indispensable modernisation des réseaux électriques allemands