Le stockage d'électricité en 3 minutes

Contenu mis à jour le 05/01/2021

Pour atteindre les objectifs mondiaux de réduction des émissions de CO2, de nombreux pays misent sur le développement massif de la production d’électricité à partir des énergies renouvelables (EnR), or celles-ci sont pour certaines intermittentes (éolien et solaire notamment). Assurer le bon fonctionnement des systèmes électriques comportant une forte proportion d’énergies renouvelables fera donc apparaitre d’importants besoins de flexibilité pour assurer à tout instant le bon équilibre entre l’offre et la demande. Le stockage d’électricité est un moyen de répondre aux enjeux de flexibilité.
La forte baisse des prix des batteries, divisés par 10 en l’espace d’une décennie, permet désormais au stockage par batteries de se développer de manière compétitive dans de nombreux pays, notamment aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et en Australie.

Les dispositifs de stockage, de différentes natures, répondent à des besoins de flexibilité variés et peuvent valoriser ces services sur différents marchés. Au-delà de leur fonction principale de report de charge, qui permet par exemple à un producteur EnR de lisser sa courbe d’injection, ou à un consommateur d’optimiser son profil de consommation en faisant du Vehicle-to-home, les dispositifs de stockage d’électricité sont capables de rendre des services au système électrique et aux gestionnaires de réseaux qu’il s’agisse de l’équilibre offre-demande, du réglage de fréquence et de tension, de l’équilibrage ou de la résolution de congestions, etc. Ces services peuvent d’ailleurs se cumuler : le même dispositif de stockage peut fournir de la réserve primaire et participer à une opération d’autoconsommation collective. Le développement des véhicules électriques constitue également une opportunité pour le stockage d’électricité : lorsqu’ils ne sont pas utilisés, leurs batteries offrent une flexibilité et une capacité de stockage pouvant être valorisées (Vehicle to grid ou « V2G »).

La CRE a engagé une réflexion approfondie sur le stockage de l’électricité en 2018 et 2019. Après un large appel à contributions qui a reçu plus de 60 réponses, la CRE a livré ses conclusions dans un rapport publié en septembre 2019. Le stockage de l’électricité est une activité concurrentielle qui n’a pas de raison de recevoir de soutien public (sauf pour la R et D) et n’a pas vocation à être exercé par les gestionnaires de réseau. Les recommandations de la CRE peuvent être regroupées en 3 catégories : faciliter l’insertion du stockage dans le système électrique (simplification des procédures de raccordement, prise en compte dans les S3REnR, etc.) ; s’assurer que le stockage peut offrir facilement ses services (publication des congestions sur les réseaux, ouverture des marchés au stockage, etc.) ; faire évoluer les signaux économiques afin qu’ils reflètent mieux la valeur des services rendus.

Dans les territoires insulaires, le contexte est particulier : pénétration élevée de la production d’origine renouvelable, fragilité du système électrique notamment. Pour accompagner le développement des énergies renouvelables électriques dans ces territoires, le stockage est d’une grande utilité. En l’absence des signaux de prix offerts par un marché concurrentiel de l’électricité, la CRE recommande que le stockage se développe sous forme centralisée et qu’il soit piloté par le gestionnaire du système électrique.