Contexte et ambitions

EDF SEI propose déjà un signal réseau binaire (1 : périodes favorables = charge à pleine puissance / 0 : périodes défavorables = puissance divisée par 2) de recharge des véhicules électriques dont l’ambition est d’inciter les propriétaires de véhicules électriques à coordonner leur demande en électricité avec les contraintes du système électrique en fonction de l’heure de la journée, de sorte à rendre la charge des véhicules électriques plus « vertueuse » en diminuant son impact à la fois d’un point de vue technique, économique et environnemental.

Les deux principaux objectifs de ce signal sont les suivants :

• d’un point de vue technico-économique : éviter les périodes de contraintes sur le réseau, et notamment la pointe de consommation du soir ;
• d’un point de vue environnemental : diminuer l’impact CO2 en favorisant la recharge pendant les heures où le mix électrique est moins carboné (heures solaires principalement).

Ce signal vise plus particulièrement les bornes de recharges publiques (voirie, centres commerciaux, stations-essences…) ou celles installées dans les parkings d’entreprise.

Afin d’aller plus loin que ce pilotage de charge existant, EDF SEI et DREEV ont identifié début 2019 des pistes pour étudier ensemble, à titre d’expérimentation, le concept de Vehicle-To-Grid (V2G) qui consiste à permettre l’injection de l’électricité depuis la batterie du véhicule électrique vers le réseau électrique d’autre part. La batterie devient alors un élément de stockage d’électricité, et le véhicule n’est plus seulement un moyen de transport mais un fournisseur de service au système électrique. L’ambition n’est plus de simplement limiter l’impact de la charge des véhicules électriques, mais de profiter de la flexibilité de cet usage pour soutenir le système électrique grâce à différents cas d’usage.

Les principaux objectifs du projet étaient ainsi :

• De valider la faisabilité technique du raccordement, de l’installation et de l’exploitation bidirectionnelle de bornes V2G DC ;
• De démontrer la faisabilité technique de deux services au système électrique identifiés, à savoir l’arbitrage énergétique et l’effacement ;
• D’analyser les contraintes techniques et réglementaires à la mise en place d’un service et les conditions de viabilité économique d’un service

L’intérêt pour EDF SEI était d’évaluer les opportunités de la technologie V2G pour le système électrique insulaire.

Le projet consistait en l’installation d’une borne de recharge V2G DC de technologie Chademo (puissance 11 kW) au siège d’EDF SEI en Corse à laquelle était associée un véhicule Nissan Leaf compatible nativement avec la technologie V2G Chademo et faisant partie de la flotte de SEI.

Il y avait une importante dimension technique dans le projet : le premier enjeu pour SEI était de se familiariser avec la technologie et de se convaincre de la faisabilité technique de la réinjection d’électricité depuis la batterie du véhicule vers le réseau.

Le deuxième volet plus théorique consistait à prendre prétexte de la présence de cette borne pour s’interroger sur différents aspects du V2G : à quoi pourrait ressembler un service V2G en ZNI dans le futur ? Quels sont les prérequis techniques pour son fonctionnement ? Quels sont les conditions de viabilité économique et réglementaire qui permettrait son développement ?

Calendrier du projet

Le projet a début mi-2019 et est en train de se terminer :

• Juillet 2019 : Signature du contrat d’expérimentation EDF DREEV
• Décembre 2019 : Finalisation de l’installation de la borne V2G au siège
• Janvier 2020 : Premières réinjections V2G concluantes
• Février – Septembre 2020 : Travail avec l’appui d’EDF R&D sur la définition de ce que pourrait être un service d’arbitrage énergétique en V2G dans le futur
• Septembre – décembre 2020 : Différents tests de fonctionnement
• 2021 : analyse des contraintes techniques et réglementaires et des conditions de viabilité économique
• Mi-2021 : fin du projet

Retour d’expérience

D’un point de vue technique, la mise en œuvre de l’installation, du raccordement, et de la réinjection d’électricité à partir des batteries des véhicules n’a pas présenté de complexité particulière sur le projet ce qui est très positif.

Les services que pourra rendre le V2G sont assez proches de services existants type effacement (clients industriels) ou arbitrage énergétique (stockage), ce qui devrait faciliter leur définition.

Cependant, plusieurs prérequis ne sont pas encore réunis pour pouvoir statuer sur la faisabilité d’un service V2G en ZNI :

• Une étude de valorisation complète du service doit être réalisée sur la base du modèle d’optimisation d’équilibre offre demande long-terme de SEI
• Une expérimentation plus large échelle doit être réalisée afin de valider la faisabilité de l’agrégation des flexibilités sur un nombre de véhicules plus importants, ainsi que du contrôle du réalisé
• Un cadre réglementaire et incitatif spécifique devra être mis en place le cas échéant pour permettre le développement du service.

Pour plus d'informations

Rapport portant communication sur le retour d’expérience des démonstrateurs de réseaux intelligents : https://www.cre.fr/Actualites/la-cre-tire-le-bilan-des-demonstrateurs-smart-grids