Les smart grids au Sénégal

Contenu mis à jour le 09/04/2021

Cette page a été rédigée

par Yélé

Ces trois dernières années, le Sénégal a diversifié les sources de son mix énergétique avec une utilisation accrue du gaz et des énergies renouvelables, et renforcé l’accès de sa population à l’électricité. Un crédit de 180 millions de dollars de l’Agence internationale de développement approuvé en 2019 par la Banque Mondiale pour stimuler la compétitivité des secteurs de l’énergie et des technologies de l’information et de la communication, et améliorer l’accès aux services énergétiques, révèle les opportunités permises par le croisement des deux secteurs. Si le cadre réglementaire n’est pas encore établi, des projets de Smart grids au Sénégal ont commencé à se déployer, afin d’intégrer les énergies renouvelables, lutter contre les pertes techniques et non techniques, améliorer l’accès à l’électricité dans les zones isolées et la qualité de service.

1. Introduction : présentation du Sénégal

Chiffres clés

 

Superficie

196 722 km²

Capitale

DAKAR

Démographie

16,7 millions d’habitants

Densité de population

85 hab/km²

Croissance démographique

2,8%

Moyenne d’âge

19 ans

Espérance de vie

67,3 ans (2017)

Taux d’alphabétisation

52% (2017)

Indice de Développement Humain

164e / 188 pays (PNUD)

Source : Banque Mondiale, données 2018 sauf indications contraires, CNUCED 

Politique et économie

Le Sénégal est une république de type présidentiel multipartite. La République du Sénégal est dirigée par Macky Sall depuis mars 2012. Réélu en février 2019 pour un mandat de 5 ans, il est élu au suffrage universel direct et son mandat est renouvelable une fois.

L’Assemblée nationale du Sénégal est composée de 150 députés. Ces derniers siègent également pour une durée de 5 ans, 90 députés sont élus au scrutin majoritaire au niveau des départements et 60 le sont au scrutin proportionnel au niveau national. Le Sénat du Sénégal a été supprimé en 2012. Le Président Sall a d’ailleurs utilisé le budget alloué à cette institution pour la construction d’une centrale solaire photovoltaïque d’une puissance de 20 MW à Bokhol (nord-ouest du pays).

Le Sénégal est membre de la communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de l’Union africaine (UA), de la Communauté des Etats sahélo-sahariens (CES) et de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).

PIB

24,13 Milliards USD

PIB/habitant

1 522 USD

Composition du PIB

Agriculture 15% (50% de la population active)
Industrie 21% (Mines d’or et de phosphate)
Services 64%

Taux de croissance

6,8% (1,3% en 2020)

Taux de pauvreté

46,7% (2011)

Taux d’inflation

0,5%

Principaux clients

Mali, Suisse, Inde, Espagne

Principaux fournisseurs

France, Chine, Nigeria, Pays-Bas

Source : Banque Mondiale, données 2018 sauf indications contraires, CNUCED

2. Le paysage énergétique sénégalais

L’énergie est l’un des secteurs prioritaires du Plan Sénégal Emergent (PSE), plan d’accélération de croissance qui vise à intégrer la catégorie des pays émergents d’ici 2035. En effet, déjà leader en matière d’électrification en Afrique de l’Ouest, 64% des Sénégalais ont accès à l’électricité. La disparité entre l’accès en milieu urbain (90%) et en milieu rural (33%) reste cependant très accentuée. L’une des priorités est donc de développer le réseau de la Société nationale d’électricité du Sénégal (SENELEC), l’opérateur verticalement intégré du pays, dans les zones rurales

www.afd.fr/fr/renforcer-et-moderniser-le-reseau-electrique-de-la-senelec

.

Cette priorité est portée par le plan Yeesal

www.senelec.sn/plan-yessal-senelec-2020/

  de transformation de la SENELEC. L’objectif ambitieux est de faire de cette société stratégique « une entreprise performante, attractive, toujours au service de la satisfaction de ses clients et du développement économique et social du pays ».  C’est dans ce cadre que rentre l’optimisation des dépenses énergétiques de l’Etat pour atteindre une réduction de la facture de 20 % en 2020 par rapport à 2015 ainsi qu’une plus grande pénétration des énergies renouvelables dans le mix énergétique du pays. 17 % de son énergie provient déjà de source hydraulique et solaire et ce ratio sera porté à 32 % avec la mise en service progressive du parc éolien de Taiba Ndiaye à partir de 2020[1]. L’objectif de l’accès universel vise à raccorder 51 % des localités au réseau national, 18 % à des micro-réseaux électriques et 31 % disposeront d’installations solaires autonomes[2].
Puissance installée au Sénégal (Source : Yélé)

3. Le développement des Smart grids au Sénégal

En juillet 2018, le Sénégal a signé une convention de financement de 52 millions d’euros pour la mise en œuvre du programme Smart grids

energies-media.com/senegal-52-millions-deuros-de-lafd-programme-smartgrid/

 avec l’Agence Française de Développement (AFD) l’engageant à poursuivre les objectifs suivants à travers l’amélioration des performances de la Société nationale d’électricité du Sénégal (SENELEC) :
  • Le développement des énergies renouvelables (EnR) ;
  • La réduction des pertes techniques ;
  • L’augmentation du taux d’électrification[3].

À l’image du Plan Sénégal Emergent (PSE), cette convention fait de l’énergie l’un des piliers de développement du Sénégal. Selon Amadou Ba, Ministre de l’Economie, des Finances et du Plan, cette convention vise par ailleurs « à améliorer la compétitivité énergétique ainsi que les conditions de vie des populations grâce à la sécurisation de l’approvisionnement en électricité ».

En parallèle, en 2018, la SENELEC a engagé le chantier de la digitalisation en signant des accords de partenariats notamment avec EDF et Enedis, pour « doter l’entreprise d’un réseau intelligent qui lui permettra de détecter, en temps réel, des anomalies et de réagir, afin que les clients ne connaissent pas de perturbations »

osiris.sn/La-Senelec-engage-le-chantier-de.html

.  La société nationale a aussi mis en avant l’une de ses filiales Akilee, pour le développement de solutions intelligentes et la numérisation des procédures.

Par ces partenariats, financements et développements de produits, le Sénégal met tout en œuvre pour atteindre les objectifs du plan Yeesal de modernisation de la SENELEC d’ici 2020 notamment dans les Smart grids, avec « le déploiement d’au moins une solution numérique innovante chez 10000, 50000, 100000, 150000 clients de 2017 à 2020 », et « le développement de solutions numériques à haute valeur ajoutée pour la clientèle permettant une gestion proactive de la relation client et contrôle intelligent de la demande »

www.senelec.sn/wp-content/uploads/2018/05/PlanYessal-1.pdf , p.36 ; p.37

.
Figure 1 - Smart city de Diamniadio (Source : Hussein Bakri / Consultant BAD / Groupe Semer)

Enfin, le Sénégal a aussi reçu un financement d’environ 70 millions d’euros pour son projet de smart city installé à Diamniadio

intellivoire.net/decouvrez-le-concept-de-la-ville-de-diamniadio-le-senegal-construit-une-ville-futuriste-de-2-milliards/

(située à 30km de Dakar)[4]. Au-delà du parc numérique de 26 ha avec trois tours d’entreprises équipées d’infrastructures de pointes, des centres de données, des incubateurs d’entreprises, des pôles de développements de logiciels, des outils numériques de la gestion de la clientèle ou même une centrale solaire de 15 MW[5], ce projet a pour but de désengorger la capitale du pays et de créer un centre d’excellence des TIC. En outre, il comprend aussi le développement d’infrastructures importantes : le nouvel aéroport international Blaise Diagne (AIBD), un centre administratif pour les ministères, un complexe multi-sportif et une ligne de train express régional Dakar-Diamniadio-AIBD. De telles infrastructures représentent de belles opportunités pour le développement des Smart grids.

Les smart grids en Côte d’Ivoire