« Smart grid » et « Smart market » : la vision du régulateur allemand

Contenu mis à jour le 04/12/2020

Cette page a été rédigée par 

la Commission de régulation de l'énergie.

Le nécessaire développement du réseau et son adaptation au contexte de déploiement des énergies renouvelables n’est pas spécifique à l’Allemagne ; il se pose dans tous les pays qui effectuent une forme de transition vers une énergie décarbonée et décentralisée. Mais en Allemagne, le problème est d’autant plus accentué en raison des goulots d’étranglements identifiés.

Or, pour le régulateur allemand de l’énergie, l’Agence fédérale des réseaux (Bundesnetzagentur, BNetzA), si le développement du réseau physique est primordial, il ne saurait constituer la seule réponse au contexte de transition énergétique, sous peine de nécessiter des investissements à des coûts exorbitants pour la collectivité. La BNetzA plaide pour que le développement du réseau aille de pair avec le déploiement de technologies et de solutions dites « intelligentes ». En permettant un pilotage plus fin de la production et de la demande, ces dernières devraient permettre de limiter les investissements dans de nouvelles lignes électriques au strict nécessaire, allégeant de ce fait la facture des consommateurs.

Dans une note publiée en décembre 2011 (Eckpunktepapier), la BNetzA a exposé sa vision du rôle que pourraient jouer les Smart grids dans le système énergétique allemand. Elle y consacre la distinction entre les sujets « Smart grid » et « Smart market ». Reflétant la séparation, dans la réglementation en vigueur, entre les fonctions de réseaux et celles de production et de fourniture, la BNetzA estime que, parmi les nombreuses innovations qui pourraient être déployées dans le système énergétique de demain, certains sujets relèveront du réseau et de ses opérateurs monopolistiques (Smart grid), tandis que d’autres sujets devraient plutôt être envisagés dans le contexte du marché et des acteurs en concurrence (Smart market) :

  • Ainsi, la catégorie Smart grid engloberait toutes les technologies de l’information et de la communication, de comptage, de contrôle, de régulation et d’automatisation qui permettent l’optimisation de l’utilisation du réseau, en exploitant autant que possible la capacité disponible, et ce grâce à une meilleure connaissance de l’état du réseau en temps réel et de meilleurs outils pour le contrôler et le piloter.
  • En revanche, la catégorie Smart market comprendrait toutes les activités et solutions intervenant dans le cadre d’une place de marché où seraient échangés des volumes d’énergie ou des services y afférents entre une variété de participants, et ce sur la base de la capacité de réseau disponible. Hormis les producteurs, consommateurs et prosommateurs (à la fois consommateurs et producteurs), sont envisageables toute sorte de nouveaux fournisseurs de services (efficacité énergétique, agrégateurs d’effacement, etc.). 

En partant de cette distinction entre Smart grid et Smart market, la BNetzA formule une préconisation : les solutions de marché (Smart Market) devraient primer sur les solutions de réseau (Smart Grid). Pour le régulateur allemand, l’intérêt des technologies dites intelligentes est de permettre la participation d’un plus grand nombre d’acteurs au pilotage des capacités de production et à la gestion de la demande. L’environnement de marché devrait pouvoir susciter des solutions plus innovantes et plus compétitives qu’un opérateur monopolistique régulé (même si ce dernier doit conserver ses prérogatives de dernier recours pour garantir la sécurité d’approvisionnement).

En ce qui concerne les compteurs communicants (Smart Meter), la BNetzA considère qu’ils auront leur place dans le futur système électrique, mais qu’ils ne seront pas nécessairement une condition essentielle à l’émergence des réseaux et marchés intelligents. La principale utilité des compteurs communicants se situerait dans la sphère des consommateurs (meilleure visualisation de la consommation, tarifs variables, économies d’énergie). En revanche, la BNetzA estime qu’ils ne sont pas nécessaires à la bonne mesure de l’état du réseau en temps réel, qui peut se faire par d’autres moyens.

Le programme de démonstration « SINTEG »