Zoom sur l'action "REI 6"

Contenu mis à jour le 06/12/2020

Cette page a été rédigée par 

la Commission de régulation de l'énergie.

1. Objectifs

L’action REI 6 consiste à déployer à grande échelle des réseaux électriques intelligents sur le territoire français afin de constituer une vitrine industrielle du savoir-faire français en la matière. Lorsqu’elle est lancée en 2015, une certaine dynamique s’est déjà créée autour des expérimentations Smart grids en France. En effet, une première vague de démonstrateurs – les plus anciens remontant au tout début de la décennie – a déjà commencé à livrer des retours d’expérience, et de nombreux autres sont en cours de mise en œuvre. Ces nombreux projets portent sur un spectre très large de nouveaux usages, services ou technologies : maîtrise de la demande, bâtiment intelligent, comptage évolué pour préparer le déploiement des compteurs de type Linky, production d’EnR, mobilité propre, etc.

Ce premier chapitre de l’histoire française des réseaux intelligents est essentiel : le foisonnement d’expérimentations a contribué à créer un élan et à imposer les Smart grids comme un pilier de la transition énergétique. À l’heure de dresser un premier bilan de l’état du déploiement des réseaux intelligents, les acteurs tirent alors un certain nombre d’enseignements des premiers retours d’expérience disponibles :

  • les expérimentations sont utiles pour valider le fonctionnement des nouvelles solutions technologiques testées, mais elles ne permettent pas de faire émerger un modèle économique pour leur généralisation à grande échelle ;
  • peu de facteurs de mise à l’échelle se dégagent clairement des premiers démonstrateurs Smart grids qui restent cantonnés à des expérimentations de petites tailles, à la maille d’un bâtiment ou d’un quartier le plus souvent. Ces facteurs de mise à l’échelle sont pourtant essentiels pour identifier les bénéfices et les coûts d’une généralisation des solutions Smart grids ;
  • il n’est pas plus facile d’identifier les conditions de réplicabilité des technologies ou nouveaux services testés ;
  • si, dans leur ensemble, les démonstrateurs couvrent un grand nombre de fonctionnalités, pris indépendamment, peu d’entre eux combinent l’expérimentation de différents usages et des solutions associées pour tirer parti de possibles synergies.

En conclusion, le foisonnement de démonstrateurs Smart grids traduit un besoin d’une plus grande coordination entre les différentes initiatives, pourtant nécessaire à la définition d’une stratégie de long terme pour le déploiement des réseaux intelligents. Pour les acteurs du secteur, le plan REI devient donc une opportunité de faire passer les Smart grids du stade des expérimentations locales isolées à celui de l’expérimentation à grande échelle. Une étape indispensable pour préparer la phase suivante, celle de l’industrialisation des réseaux intelligents.

Ainsi, l’action 6 du plan REI, dite « REI 6 », prévoit de concentrer dans le temps, à la maille d’une zone allant d’un département à une région, le déploiement d’un ensemble cohérent de solutions Smart grids dans le but de mobiliser plus efficacement les fonds publics et les investissements des opérateurs. Cette initiative, appelée à mobiliser l’ensemble de la chaîne de valeur (gestionnaires de réseaux, industriels, fournisseurs d’énergie, collectivités locales) doit contribuer à accélérer le déploiement des réseaux électriques intelligents et à crédibiliser les solutions mises en œuvre au profit d’une politique d’exportation ambitieuse. Le spectre fonctionnel envisagé est large : insertion des EnR, amélioration de la qualité de fourniture, gestion des flexibilités, modernisation des postes électriques, solutions en aval du compteur (pilotage des usages, information des consommateurs), etc. Les expérimentations retenues pourront s’appuyer sur le compteur Linky qui entame alors sa 1ère phase de déploiement industriel.

Le compteur Linky

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Les premières estimations tablent sur un budget de 50 à 100 M€ pour mener à bien l’action REI 6. Finalement, les gestionnaires de réseaux Enedis et RTE ont chacun contribué à hauteur de 40 M€ à l’effort financier. Les industriels partenaires des projets candidats ont complété les fonds nécessaires, en faisant appel, le cas échéant au soutien des collectivités, de l’État ou de l’Europe via les aides au financement de l’ADEME ou du programme européen Horizon 2020 par exemple.

2. Projets lauréats

À la suite de l’appel à projet lancé par le gouvernement au printemps 2015, les lauréats de l’action REI 6 sont annoncés le 15 mars 2016 :

  • le projet Flexgrid, porté par le Conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur ;
  • le projet Smile, porté conjointement par les régions Pays-de-la-Loire et Bretagne ;
  • le projet You&Grid, porté par la métropole européenne de Lille, en lien avec la région Nord-Pas-de-Calais.

Lancé officiellement au printemps 2016, le projet Smile (pour Smart Ideas to Link Energies) doit permettre de déployer des solutions Smart grids sur les territoires des régions Bretagne et Pays-de-la-Loire de 2017 à 2020. L’association Smile est coprésidée par les deux régions, et la mise en œuvre du projet est assurée conjointement par les agences régionales des deux territoires : Bretagne Développement Innovation et Solutions&Co. L’initiative Smile regroupe aujourd’hui une cinquantaine de projets Smart grids, à des stades de développement plus ou moins avancés, ou même clos. Parmi ceux-ci, on peut citer : Smart Grid Vendée, SOLENN, RennesGrid, DropnPlug, PRIDE, Fleximob’île, Brest Smart Mobilities etc.

Dans le sud de la France, le projet Flexgrid est copiloté par la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et le pôle de compétitivité Capénergies, qui en assure la maîtrise d’œuvre. Lancé en juin 2016, avec l’ambition de faire de la région PACA la « 1ère Smart région européenne », il concerne aujourd’hui une quarantaine de projets de réseaux intelligents proposant des offres complètes adaptées aux besoins de marchés mondiaux : par exemple, So Flex’hy, la gare TGV d’Aix-en-Provence ou encore le site de Power-to-gas Jupiter 1000.

Les organisations Flexgrid et Smile assurent, dans leurs territoires respectifs, quatre grandes missions :

  • proposer, au niveau territorial, un accompagnement aux porteurs de projets Smart grids (structuration du projet, recherche de financement, gestion de la maîtrise d’œuvre, etc.) ;
  • jouer le rôle de catalyseur en matière économique, en mobilisant les industriels de toutes tailles concernés par les réseaux intelligents, afin de développer un écosystème industriel dense et de contribuer à la structuration d’une filière française des Smart grids ;
  • faire la promotion des expérimentations menées sur les territoires, pour contribuer à construire une vitrine du savoir-faire français, à destination de l’international en particulier ;
  • travailler en coordination avec l’association Think Smartgrids pour assurer un déploiement des Smart grids le plus généralisé possible.

Les solutions déployées dans les régions PACA, Pays-de-la-Loire et Bretagne dans le cadre de REI 6 sont multiples :

  • sur les réseaux publics de distribution d’électricité : de nouveaux postes HTA/BT Smart pour en faire de véritables nœuds d’intelligence du réseau, des capteurs communicants afin d’améliorer l’instrumentation et l’observabilité du réseau, la chaîne d’applications Linky Réseau pour tirer profit au maximum des informations communiquées par le nouveau dispositif de comptage évolué Linky, les offres de raccordement intelligent (ORI), etc. ;
  • sur le réseau public de transport d’électricité : des postes sources HTB/HTA de nouvelle génération (numérisation du contrôle-commande et diminution de l’empreinte carbone), nouveau réseau télécom des sites RTE connectés à une infrastructure unique via la fibre optique, nouveau dispositif de localisation automatique des défauts sur les lignes aériennes, etc.

À la différence des projets Smile et Flexgrid, de taille régionale, le territoire de déploiement du projet You&Grid est principalement la métropole européenne de Lille. Le projet phare est So Mel, So connected, porté par la métropole et financé par l’ADEME dans le cadre du Programme d’Investissement d’Avenir et dont Enedis est directeur technique. Les problématiques traitées sont multiples : autoconsommation individuelle, valorisation du potentiel énergétique local, mobilité électrique, etc.